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Tu souffres de TDAH : attention au risque accru d’addictions

un jeune se tient la tete perdu dans ses pensées

Tu as du mal à te concentrer en classe, tu bouges sans arrêt, tu es hyperactif et, même si on te demande d’arrêter, tu n’y arrives pas ? Peut-être as-tu été diagnostiqué porteur d’un TDAH (trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité). Sais-tu que ce trouble peut aussi te rendre plus vulnérable aux addictions ?

Nous avons rencontré Lucia Romo, psychologue clinicienne à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches et professeure de psychologie à l’université Paris Nanterre. Elle nous explique le lien entre TDAH et dépendances.

 

Qu’est-ce que le TDAH et comment il se manifeste-t-il chez les enfants ?

Le TDAH, ou trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité, peut prendre trois formes :

– trouble de l’attention : l’enfant a du mal à se concentrer et à suivre ce qu’on lui explique jusqu’au bout, il a des difficultés pour terminer ce qu’il commence, il procrastine.

– impulsivité et hyperactivité : il bouge, passe à l’action sans réfléchir et sans anticiper les conséquences et peut avoir des comportements à risques.

– forme combinée : il est à la fois impulsif et a des problèmes d’attention.

Et tout cela ce n’est pas de la mauvaise volonté, c’est lié à son trouble.

 

À partir de quel âge peut-on observer les premiers signes de TDAH ?

Le TDAH apparaît durant l’enfance. C’est souvent lors du passage à l’école primaire qu’il est détecté. Les exigences augmentent : il faut rester assis, écouter sans bouger, suivre les consignes. À la maison aussi, l’enfant est souvent distrait et agité. C’est à ce moment-là que les parents commencent à se poser des questions et pensent à consulter.

 

Pourquoi les jeunes atteints de TDAH sont-ils plus vulnérables aux addictions ?

De nombreuses études montrent que le TDAH est un facteur de risque majeur dans le développement des addictions. Les jeunes atteints de TDAH ont du mal à gérer leurs émotions et supportent mal la frustration. Pour apaiser leur mal-être, ils peuvent se tourner vers des substances comme la cigarette, le cannabis ou l’alcool. Ils sont plus vulnérables à la dépendance car en constatant que fumer une cigarette les apaise ou les aide à se concentrer, ils vont avoir tendance à très vite surconsommer sans anticiper les conséquences. De plus, d’autres troubles comme la dépression ou l’anxiété peuvent aggraver le comportement addictif.

 

Quelles sont les différences entre les jeunes atteints de TDAH et ceux sans TDAH en ce qui concerne les conduites addictives ?

Les jeunes présentant un TDAH commencent souvent à consommer plus tôt et leur consommation peut augmenter très rapidement. Surtout, c’est très difficile pour eux de réduire ou d’arrêter. Ils commencent souvent par le tabac, puis le cannabis et l’alcool, car ces substances sont faciles à obtenir.

 

Qu’en est-il des jeux d’argent et de hasard ?

Les jeux d’argent sont particulièrement dangereux pour les jeunes atteints de TDAH car ces derniers s’ennuient vite et ont besoin de stimulations fréquentes. Ces jeux procurent une stimulation, des sensations, des émotions et des récompenses qui les attirent. Mais ils n’anticipent pas toujours leurs conséquences financières. En ligne, tout va très vite, et un jeune impulsif peut perdre beaucoup d’argent en un rien de temps.

 

Un diagnostic précoce du TDAH peut-il aider à prévenir les addictions ?

Oui, un diagnostic précoce permet de mettre en place une prise en charge adaptée. La prise en charge précoce du TDAH et des troubles associés, comme un trouble dépressif, les troubles anxieux, un trouble dys, un trouble autistique…, aide à réguler les émotions des jeunes. Ainsi, ils n’auront pas besoin de se tourner vers les substances ou les jeux pour se sentir mieux.

 

Quelles stratégies de prévention pour réduire le risque d’addiction chez les jeunes TDAH ?

En plus de la prise en charge du TDAH, la prévention repose sur des habitudes de vie saines : apprendre à gérer ses émotions, dialoguer avec sa famille, pratiquer une activité physique, bien manger et respecter un bon rythme de sommeil. Un manque de sommeil aggrave les problèmes de concentration et de comportement.

 

Quels conseils donneriez-vous aux parents d’enfants TDAH qui présentent des signes d’addiction ?

  • Il faut consulter pour avoir un diagnostic et une prise en charge adaptée.
  • Allez voir un professionnel dans un CSAPA (centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie). Partout en France, il existe des consultations jeunes consommateurs (CJC) rattachées à ces centres. Toutes les addictions sont prises en charge par une équipe pluridisciplinaire.
  • Rejoignez une association de familles comme HyperSupers TDAH France : elles offrent un soutien précieux, des informations délivrées par des professionnels, du soutien entre pairs, des témoignages et des conseils pour mieux gérer la situation.

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